Marie de Magdala et l'autre Marie allèrent voir le tombeau (1886, TISSOT James) |
Culte de Pâques du dimanche 24 avril 2011
Temple Réformé de La Baule (44)
Lire le texte biblique : Matthieu 28, 1-10
Prédication :
Le récit de Pâques que nous venons de lire, est présent dans les quatre Évangiles selon Matthieu (18:1-10), Marc (16:1-7), Luc (24:1-8) et Jean (20:1-18). Ces quatre récits sont avant tout quatre témoignages, ils présentent donc quelques différences, celles-ci ne changeant rien du caractère extraordinaire de l'évènement de Pâques. Mais il faut noter que certaines traductions bibliques donnent à ces passages le titre de « Résurrection de Jésus-Christ ». Or, à leur lecture, nous constatons que la résurrection elle-même n'y ait pas décrite, encore moins détaillée. Ce qui est étonnant, c'est que les Évangiles ne comportent aucun récit de la Résurrection du Christ, par contre, ils contiennent plusieurs récits sur l'apparition du Christ Ressuscité. Ce passage de l'Évangile selon Matthieu en fait partie : c'est un récit de Pâques qui nous raconte le témoignage de deux femmes, Marie-Madeleine et l'autre Marie.
Elles ont vécu une terrible épreuve : la Passion, la crucifixion et la mise au tombeau de Jésus, ce maître qu'elles avaient suivi en Galilée et jusqu'à Jérusalem. Assurément, elles sont perdues, bouleversées, désespérées par la mort de leur maître, choquées par l'injustice de sa condamnation et la cruauté de sa mort. Malgré cela, elles persistent encore à suivre leur maître Jésus : elles vont voir son tombeau scellé et gardé.
Et là, elles affrontent une deuxième épreuve qui les bouleverse à nouveau. A leur arrivée, elles voient une apparition qui les saisit de peur, celle d'un « ange du Seigneur », un messager envoyé par Dieu. En effet, Dieu est déjà intervenu auprès de Jésus en le ressuscitant, et son messager est là pour en attester auprès des humains. Il roule la pierre qui scelle le tombeau, cette pierre sensée enfermer définitivement Jésus dans la mort. Et il invite les deux femmes à voir l'incroyable : le tombeau est vide, il n'y a justement rien à voir, le corps du crucifié a disparu, Jésus est absent !
Oui, la résurrection, c'est d'abord le vide, l'absence ! Cette absence du corps qui est normalement vécu comme traumatisante pour les vivants. Cela les empêche d'accepter la mort de la personne décédée. Heureusement, le messager de Dieu est là pour rassurer les deux femmes, en leur déclarant « n'ayez pas peur, car je sais que vous cherchez Jésus, celui qui a été crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité, » (versets 5, 6). Par cette parole, il leur affirme que ce tombeau vide est au contraire une bonne nouvelle qui va changer définitivement leurs vies : cette absence atteste que Jésus le Christ est ressuscité. La résurrection de Jésus-Christ, c'est une absence qui devient une nouvelle présence.
Vraiment, si nous cherchons le Jésus Crucifié, alors nous trouverons le Christ Ressuscité. Ou plutôt, c'est lui qui nous trouvera ! Car, lorsqu'on cherche Jésus-Christ, c'est lui qui vient d'abord à notre rencontre. N'oublions pas que Dieu nous précède toujours, et qu'il se manifeste là où nous ne l'attendons pas.
C'est d'ailleurs ce qui arrive à ces deux femmes dans notre récit de Pâques. Elles traversent une troisième épreuve, qui les bouleverse à nouveau. Sur leur chemin, elles voient une nouvelle apparition qui les saisit de stupeur, celle de leur maître Jésus, le crucifié, le ressuscité lui-même. Il les accueille en leur disant tout simplement « Je vous salue ! » (verset 9), littéralement dans le texte « Réjouissez-vous ! », « Soyez dans la joie ! ».
D'abord saisies par cette apparition et cette parole de Jésus, elles saisissent à leur tour Jésus en s'agrippant à ses pieds. A travers ce geste spontané et familier, elles manifestent leur joie d'avoir retrouvé le Jésus Crucifié qu'elles croyaient avoir perdu. A travers ce contact physique, elles s'assurent que ce Jésus existe vraiment, qu'il est réellement présent. Ainsi, elles montrent la nature corporelle du Christ Ressuscité.
Finalement, par cette apparition, elles réalisent que l'absence du Jésus Crucifié est devenue la nouvelle présence du Christ Ressuscité. C'est cela la bonne nouvelle de la Résurrection.
Le témoignage de ces deux femmes nous montrent que Jésus-Christ se rend présent à celui qui le cherche, à celui qui croit en lui, à celui qui place sa vie dans cette relation de confiance qu'est la foi. Tout au long de notre existence de chrétien, le Christ est présent à nos côtés, dans nos moments de joie ou de tristesse, de confiance ou de doute. Et il est présent même quand nous le croyons absent.
Mais attention, il ne faut surtout pas enfermer cette présence de Jésus-Christ, dans nos pratiques religieuses ou nos rites, dans nos appartenances confessionnelles ou nos communautés, dans nos institutions ou nos bâtiments. Il subsiste toujours le risque de vouloir sceller la présence de Jésus-Christ et sa Parole dans nos enfermements religieux. Au contraire, il faut se préoccuper que la pierre soit toujours roulée, afin qu'elle n'obstrue pas l'entrée de nos temples ou églises. Rouler la pierre, c'est faire en sorte que cette présence de Jésus-Christ soit toujours ouverte sur le monde, et non réservée aux initiés.
C'est pour cela que, dans notre récit de Pâques, « l'ange du Seigneur » puis le Christ Ressuscité lui-même, exhortent les deux femmes à « aller et annoncer aux frères » (versets 7 et 10), c'est-à-dire à témoigner de ce qu'elles ont vu et vécus ce jour-là, à apporter la bonne nouvelle de la résurrection, à proclamer « Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! »
Amen.
Temple Réformé de La Baule (44)
Lire le texte biblique : Matthieu 28, 1-10
Prédication :
Le récit de Pâques que nous venons de lire, est présent dans les quatre Évangiles selon Matthieu (18:1-10), Marc (16:1-7), Luc (24:1-8) et Jean (20:1-18). Ces quatre récits sont avant tout quatre témoignages, ils présentent donc quelques différences, celles-ci ne changeant rien du caractère extraordinaire de l'évènement de Pâques. Mais il faut noter que certaines traductions bibliques donnent à ces passages le titre de « Résurrection de Jésus-Christ ». Or, à leur lecture, nous constatons que la résurrection elle-même n'y ait pas décrite, encore moins détaillée. Ce qui est étonnant, c'est que les Évangiles ne comportent aucun récit de la Résurrection du Christ, par contre, ils contiennent plusieurs récits sur l'apparition du Christ Ressuscité. Ce passage de l'Évangile selon Matthieu en fait partie : c'est un récit de Pâques qui nous raconte le témoignage de deux femmes, Marie-Madeleine et l'autre Marie.
Elles ont vécu une terrible épreuve : la Passion, la crucifixion et la mise au tombeau de Jésus, ce maître qu'elles avaient suivi en Galilée et jusqu'à Jérusalem. Assurément, elles sont perdues, bouleversées, désespérées par la mort de leur maître, choquées par l'injustice de sa condamnation et la cruauté de sa mort. Malgré cela, elles persistent encore à suivre leur maître Jésus : elles vont voir son tombeau scellé et gardé.
Et là, elles affrontent une deuxième épreuve qui les bouleverse à nouveau. A leur arrivée, elles voient une apparition qui les saisit de peur, celle d'un « ange du Seigneur », un messager envoyé par Dieu. En effet, Dieu est déjà intervenu auprès de Jésus en le ressuscitant, et son messager est là pour en attester auprès des humains. Il roule la pierre qui scelle le tombeau, cette pierre sensée enfermer définitivement Jésus dans la mort. Et il invite les deux femmes à voir l'incroyable : le tombeau est vide, il n'y a justement rien à voir, le corps du crucifié a disparu, Jésus est absent !
Oui, la résurrection, c'est d'abord le vide, l'absence ! Cette absence du corps qui est normalement vécu comme traumatisante pour les vivants. Cela les empêche d'accepter la mort de la personne décédée. Heureusement, le messager de Dieu est là pour rassurer les deux femmes, en leur déclarant « n'ayez pas peur, car je sais que vous cherchez Jésus, celui qui a été crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité, » (versets 5, 6). Par cette parole, il leur affirme que ce tombeau vide est au contraire une bonne nouvelle qui va changer définitivement leurs vies : cette absence atteste que Jésus le Christ est ressuscité. La résurrection de Jésus-Christ, c'est une absence qui devient une nouvelle présence.
Vraiment, si nous cherchons le Jésus Crucifié, alors nous trouverons le Christ Ressuscité. Ou plutôt, c'est lui qui nous trouvera ! Car, lorsqu'on cherche Jésus-Christ, c'est lui qui vient d'abord à notre rencontre. N'oublions pas que Dieu nous précède toujours, et qu'il se manifeste là où nous ne l'attendons pas.
C'est d'ailleurs ce qui arrive à ces deux femmes dans notre récit de Pâques. Elles traversent une troisième épreuve, qui les bouleverse à nouveau. Sur leur chemin, elles voient une nouvelle apparition qui les saisit de stupeur, celle de leur maître Jésus, le crucifié, le ressuscité lui-même. Il les accueille en leur disant tout simplement « Je vous salue ! » (verset 9), littéralement dans le texte « Réjouissez-vous ! », « Soyez dans la joie ! ».
D'abord saisies par cette apparition et cette parole de Jésus, elles saisissent à leur tour Jésus en s'agrippant à ses pieds. A travers ce geste spontané et familier, elles manifestent leur joie d'avoir retrouvé le Jésus Crucifié qu'elles croyaient avoir perdu. A travers ce contact physique, elles s'assurent que ce Jésus existe vraiment, qu'il est réellement présent. Ainsi, elles montrent la nature corporelle du Christ Ressuscité.
Finalement, par cette apparition, elles réalisent que l'absence du Jésus Crucifié est devenue la nouvelle présence du Christ Ressuscité. C'est cela la bonne nouvelle de la Résurrection.
Le témoignage de ces deux femmes nous montrent que Jésus-Christ se rend présent à celui qui le cherche, à celui qui croit en lui, à celui qui place sa vie dans cette relation de confiance qu'est la foi. Tout au long de notre existence de chrétien, le Christ est présent à nos côtés, dans nos moments de joie ou de tristesse, de confiance ou de doute. Et il est présent même quand nous le croyons absent.
Mais attention, il ne faut surtout pas enfermer cette présence de Jésus-Christ, dans nos pratiques religieuses ou nos rites, dans nos appartenances confessionnelles ou nos communautés, dans nos institutions ou nos bâtiments. Il subsiste toujours le risque de vouloir sceller la présence de Jésus-Christ et sa Parole dans nos enfermements religieux. Au contraire, il faut se préoccuper que la pierre soit toujours roulée, afin qu'elle n'obstrue pas l'entrée de nos temples ou églises. Rouler la pierre, c'est faire en sorte que cette présence de Jésus-Christ soit toujours ouverte sur le monde, et non réservée aux initiés.
C'est pour cela que, dans notre récit de Pâques, « l'ange du Seigneur » puis le Christ Ressuscité lui-même, exhortent les deux femmes à « aller et annoncer aux frères » (versets 7 et 10), c'est-à-dire à témoigner de ce qu'elles ont vu et vécus ce jour-là, à apporter la bonne nouvelle de la résurrection, à proclamer « Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! »
Amen.
Christophe