Évangile selon Luc 15, 1-10

La drachme perdue (1886-1894, James Tissot)
La drachme perdue

(1886-1894, James Tissot)
Culte du dimanche 12 septembre 2010
La Fraternité - Temple Réformé de Clamart (92)

Lire le texte biblique : Luc 15, 1-10

Prédication :

La parabole dite de la « pièce perdue et retrouvée » est propre à l'Évangile selon Luc. Au premier abord, ce récit de vie quotidienne semble être le reflet de notre société, un reflet très matérialiste, centré sur l'argent. Cette femme s'acharne à retrouver sa drachme, cette pièce de monnaie grecque, à laquelle elle semble tenir beaucoup, jusqu'à faire le ménage dans sa maison, jusqu'à faire la fête lorsqu'elle la retrouve. Mais il faut la comprendre, elle a perdue une pièce sur les dix pièces qu'elle possède. Une sur dix, c'est beaucoup. Qui d'entre-nous ne ferait pas de même, s'il avait perdu un dixième de ses économies, dix pour-cent de son épargne?

Mais s'arrêter à cette interprétation économique, plutôt simple, voire simpliste, c'est évidemment faire fausse route. Là n'est pas le message que nous délivre Jésus.
Il nous faut relire ce texte sous une autre approche, celle de son Évangile. En réalité, à travers le récit de cette parabole, Jésus nous fait une promesse, qui concerne chacun d'entre-nous : il nous promet que tout ce qui est perdu peut être retrouvé.

Comme cette femme, nous avons déjà perdu ou risquons de perdre, quelque chose ou quelqu'un, auquel nous tenons fortement, qui nous est très cher. Tout au long de notre existence, nous perdons inévitablement quelque chose ou quelqu'un, qui était important pour nous, qui pouvait même donner sens à notre vie. Et bien sûr, lorsque cette perte arrive, elle ne prévient pas. On ne l'a pas vu venir. Elle nous prend par surprise. Elle nous tombe dessus. Et on se demande comment cela est-il possible.

Plus encore de perdre quelque chose ou quelqu'un, n'oublions pas que nous pouvons aussi être perdu pour quelqu'un, sans forcément savoir d'ailleurs que nous lui manquons.
Dans le déroulement de nos vies humaines, quelqu'un peut nous manquer, et inversement, nous pouvons manquer à quelqu'un. Gardons toujours à l'esprit que la perte peut-être réciproque : nous risquons toujours de perdre ou d'être perdu.

Cependant, Jésus nous montre dans cette parabole, qu'il y a assurément quelqu’un qui cherche toujours ce qui est perdu, à l'image de cette femme qui cherche sa pièce de monnaie dans sa maison. Il faut noter qu'elle fait vraiment tout son possible pour retrouver sa pièce : elle allume la lampe, balaye le sol, et cherche avec soin.

Dans l'attitude de cette femme que Jésus nous décrit, nous pouvons discerner l'action même de Dieu. A travers ce récit, Jésus nous fait percevoir un Dieu qui, par son action, se rend très proche de nous. Jésus veut nous faire comprendre que, à l'image de cette femme, Dieu peut faire preuve d’une infinie patience, d'une grande détermination, d'un soin minutieux dans sa recherche, et ce dans un seul objectif : retrouver et sauver ce qui a été perdu. Tel est le message que Jésus nous adresse. De cette façon, il nous fait même comprendre une chose essentielle : ce qui est perdu pour les hommes ne l'est pas pour Dieu. Dit autrement : avec Dieu, rien ne se perd, tout se retrouve.

Oui, Dieu, en Jésus-Christ, vient nous chercher au sein de notre vie, et nous retrouver là où nous nous sommes perdus, y compris dans nos faiblesses, nos découragements, et surtout dans nos manques de Foi, nous qui avons tendance à nous éloigner de Dieu. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, Jésus nous dit dans ses deux récits que, plus nous nous détournons de Dieu, plus Dieu se tourne vers nous ; plus nous nous éloignons de Dieu, plus Dieu nous cherche.

En effet, Jésus nous déclare à travers ses paraboles, que Dieu recherche surtout les personnes qui sont loin de Lui, loin de son amour, qui ne vivent pas dans la Foi. Plus encore, Dieu recherche même ceux qui sont très loin de Lui, notamment ceux que les pharisiens et les scribes nomment les « pécheurs ». Même ces gens-là, Dieu les recherche sans cesse, dans son amour et sa miséricorde.

Finalement, Dieu s'acharne à retrouver et à sauver toute personne, sans distinction sociale, sans faire le tri, car aucune ne doit être oubliée ou laissée pour compte. C'est pourquoi, nous avons la certitude que Dieu nous cherche déjà et qu'Il finira par nous trouver, par nous rejoindre dans notre vie personnelle. Dieu, dans sa grâce et sa bienveillance, recherche sans cesse chacun d'entre-nous, jusqu’à ce qu’Il l'ait trouvé. C'est sûr, Dieu nous manque comme nous manquons aussi à Dieu. Nous avons besoin de Dieu comme Dieu a besoin de nous.

Amen.
Christophe