Évangile selon Marc 6, 1-6

Culte (à deux voix) du dimanche 05 juillet 2009
Temple Réformé d'AUTEUIL (75)

Lire le texte biblique : Marc 6, 1-6

Prédication (à deux voix) :

[Pasteur] (introduction de la prédication…)

[Prédicateur] (thème du Jésus humain) :

C’est certain, ce passage de l’Évangile Selon Marc peut étonner les lecteurs, car il insiste beaucoup sur l’humanité de Jésus.
Tout d'abord, Jésus « vient dans sa patrie », c'est-à-dire dans le pays de ses pères. C'est le lieu où il a grandit, où il a ses attaches familiales. Il revient donc chez lui, dans son pays, dans sa maison, dans sa famille. Et chez lui, Jésus est connu de tout le monde, ou plutôt, devrait-on dire, tout le monde connaît l'homme Jésus.

En effet, « dans sa patrie », les personnes qui rencontrent Jésus et l'écoutent, le perçoivent simplement comme un homme : oui, un homme comme eux, un de leurs semblables, aussi humain qu'eux-mêmes ! Ainsi, ces auditeurs insistent sur son appartenance familiale et locale, comme nous le raconte l'Évangéliste Marc : « N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de Josès, de Jude et de Simon ? et ses sœurs ne sont-elles pas ici, chez nous ? ». Donc « dans sa Patrie », Jésus a un métier, fait partie d'une famille, et a une maison pour l'accueillir. Et il aurait même des frères et sœurs, ce qui n’est pas sans poser problème à certains Chrétiens ou lecteurs de la Bible !
Enfin, dire de Jésus qu'il est « le fils de » ou « le frère de », c'est affirmer qu’il possède un lien de sang, c’est lui attribuer une identité humaine, c’est l’ancrer dans la société humaine. En résumé, c’est proclamer toute son humanité.

[Pasteur] (…)

[Prédicateur] (thème de la non-reconnaissance du Ministère de Jésus) :

Pour nous, lecteurs de la Bible, ce texte est très surprenant, car il nous laisse entrevoir une remise en cause du Ministère de Jésus : Pourquoi Jésus, le Fils de Dieu, qui pendant son Ministère, a prêché la Bonne Nouvelle à de nombreuses assemblées, a apporté la Parole de Dieu aux personnes les plus diverses, pourquoi ne réussit-il pas à convaincre ses anciens compatriotes ?

En effet, ils sont incapables de percevoir le caractère divin de Jésus. Lorsque celui-ci enseigne dans la Synagogue, les personnes qui l’écoutent sont dans l’étonnement : « D'où cela lui vient-il ? ». En fait, pire que l’étonnement, ils font surtout preuve d’une grande incrédulité ! Ils ne peuvent même pas reconnaître Jésus le Rabbi, c’est-à-dire celui qui enseigne et qui commente la Torah le jour du Sabbat. Ils ne peuvent pas non plus reconnaître Jésus le Sage, qui fait des miracles « par ses propres mains » : ils mettent en cause l’origine même de sa Sagesse, alors que celle-ci lui a été donnée par Dieu. Ils s’opposent donc à tous les signes qui attestent de la divinité de Jésus. C’est pour cela que le texte nous dit que Jésus « était pour eux une occasion de chute ».

Dans la Bible, l’expression « être l’occasion de chute pour autrui » comporte l’idée d’obstacle, d’embûche, comme une pierre placé sur notre chemin, qui peut nous faire trébucher, nous faire tomber, nous dérouter. Cette pierre représente donc pour nous la pierre d’achoppement, la cause de notre chute. Dans la Bible, le rocher est le symbole de la protection de Dieu, pour ceux qui placent leur confiance en Lui. Par contre, ce rocher devient une pierre d’achoppement, une cause de chute, une source de malheur, pour tous ceux qui méprisent Dieu.

Ainsi, dans ce texte, Jésus représente une pierre d’achoppement pour sa patrie, son entourage, sa famille. Par leur incrédulité et leur manque de discernement, ceux-ci butent contre la pierre d’achoppement « Jésus », et en cela, ils trébuchent dans leur foi en Dieu. Finalement, c’est leur attitude qui a été pour eux une occasion de chute, Jésus n’étant que la pierre d’achoppement sur laquelle ils ont buté.

Suite à cet échec lors de son Ministère, Jésus prononce alors une terrible condamnation à l’égard de ses proches, mais aussi envers lui-même : « Un prophète n'est méprisé QUE dans sa patrie, PARMI ses parents et DANS sa maison ». Sa patrie, ses parents, sa famille étant dans l’incapacité de voir Jésus autrement que comme un homme, ils ne peuvent donc pas estimer sa qualité de prophète, ni même discerner Jésus comme le Fils de Dieu.

Mais attention, il ne faut pas conclure hâtivement sur cette proclamation et y voir une opposition brutale entre l’humain et le divin. Au contraire, loin d’être une séparation, c’est plutôt une affirmation de la coexistence des deux facettes de Jésus : son humanité et sa divinité, son « lien de sang » et son « lien avec Dieu ».

[Pasteur] (conclusion de la prédication)

Amen.
Christophe