Prédication sur l'Evangile selon Matthieu 22, 1-14


Le repas de noce (Pieter Brueghel l'Ancien, 1568)
Le repas de noce

(Pieter Brueghel l'Ancien, 1568)
Culte du dimanche 15 octobre 2017
A l'Eglise Protestante Unie de
Montparnasse-Plaisance (75)


Prédication :

Le récit que nous venons de lire dans l'Évangile selon Matthieu (Mt 22, 1-14) est aussi présent dans l’Évangile selon Luc (Lc 14, 15-24). Les thèmes du mariage et de la noce, de l’époux et de l’épouse, sont souvent présents dans le Nouveau Testament, et particulièrement dans les Évangiles. D’une part, le mariage est l’objet de débats entre Jésus et ses adversaires. D’autre part, le mariage est utilisé comme image par Jésus dans ses paraboles.
À travers cette parabole, Jésus nous décrit le Royaume des cieux à l’image d’une noce, d’une fête organisée par un roi pour le mariage de son fils. Évidemment, le roi est l’image de Dieu, son fils est l’image du Messie donc le Christ, les personnes dans la salle de noce sont l’image de son assemblée donc son Église.
La première partie de la parabole raconte l’invitation à la noce. Pour remplir sa salle de noce, le roi envoie à plusieurs reprises ses serviteurs pour appeler les invités à venir à la noce. Littéralement dans le texte grec, « il envoya les serviteurs de lui pour appeler ceux ayant été appelés au festin de noce ».
D’un côté, les serviteurs sont ceux qui sont envoyés, littéralement les « envoyés » ou « apôtres ». D’un autre côté, les invités sont ceux qui ont été appelés, littéralement les « appelés ». Et il est intéressant de noter que les invités ont déjà été appelés, avant même que les serviteurs les aient trouvés. En effet, Dieu nous devance toujours, il se tourne vers nous avant même que nous nous tournions vers lui, il appelle chacun d’entre nous avant même que nous l’appelions.
Dans la parabole, Jésus montre que paradoxalement les invités ont une attitude contraire à leurs convictions ou pratiques religieuses. Plus les invités se montrent proches de Dieu, moins ils répondent à l’invitation. Plus les invités sont sensés avoir été appelés par Dieu, moins ils entendent son appel.
Inversement, plus les invités semblent loin de la société civile et religieuse, plus ils sont à l’écoute. Plus les invités sont marginalisés, mieux ils entendent l’appel et répondent à l’invitation. Ici, Jésus réitère le principe des premiers qui sont rétrogradés derniers et des derniers qui sont promus premiers.
La seconde partie de la parabole raconte la visite du roi dans la salle de noce. Après toutes ses tentatives, sa salle de noce est enfin remplie. Les personnes ainsi réunies forment son assemblée. Mais le roi aperçoit un homme qui ne porte pas d’ « habit de noce ». Le roi s’adresse à lui le nommant « ami » et l’interroge. Curieusement, il ne lui demande pas pourquoi il ne porte pas d’habit de noce, mais uniquement comment il est entré sans porter d’habit de noce. L’homme reste muet. Peut-être ne le sait-il pas lui-même… En tout cas, le roi le fait lier et jeter dehors dans les ténèbres. Pourtant cet homme a été invité, il a entendu l’appel, il est venu à la noce. Mais avoir été appelé et avoir répondu à l’appel de Dieu ne suffit apparemment pas. Il faut aussi accepter d’être revêtu d’un autre habit que le sien, revêtu par l’habit reçu de Dieu.
En effet, Dieu, dans sa grâce inconditionnelle, appelle chacun de nous, il s’adresse à chacun en particulier, il le considère comme son invité, comme celui ayant déjà été appelé. Mais chaque appelé reste libre devant Dieu, il peut répondre négativement ou positivement à cet appel. S’il y répond positivement, il ne lui suffit pas de se tourner simplement vers Dieu, sans rien changer en lui et rester muet, comme cet homme de la parabole.
Répondre à l’appel de Dieu, c’est accepter de se placer sous le vêtement de sa grâce. C’est aussi opérer un changement en soi, au moyen d’une relation de confiance qui est la foi en Christ. Répondre à l’appel de Dieu, c’est être habillé par la grâce de Dieu et habité par la foi en Christ.
Chacun de nous peut répondre à l’appel de Dieu, se laisser habillé de la grâce de Dieu et se laisser habité par la foi en Christ. Ainsi vêtu et disposé, chacun peut entrer et rester dans la salle de noce, se présenter devant Dieu, sans crainte. Car ainsi habillé et habité, il est considéré comme juste devant Dieu. Il est sauvé par la grâce au moyen de la foi. Et en réponse à ce salut, il devient à son tour serviteur, envoyé et apôtre, pour appeler ceux qui n’ont pas encore entendu, ceux qui n’ont pas encore répondu.
Des appelés, des sauvés, des envoyés… Telle est l’image du Royaume des cieux.
Amen.
Christophe