Appel des disciples (2011, Alexandra DOMNEC) |
A l'Eglise Protestante Unie de Montparnasse-Plaisance (75)
Lire le texte biblique : Luc 9, 57-62
Prédication :
Ce passage de l'Évangile selon Luc n'est pas une parabole, mais le récit de rencontres avec Jésus. Celui-ci a terminé sa mission en Galilée. Il décide de se rendre à Jérusalem, la ville Sainte où il vivra sa passion. En chemin, il rencontre successivement trois hommes. A travers ces brefs échanges, Jésus nous enseigne sur la condition du disciple, c'est-à-dire du croyant qui voudrait le suivre et vivre à sa suite.
Première rencontre.
Un homme interpelle Jésus et lui déclare qu'il le suivra partout où il ira (57). Au lieu de l'accueillir favorablement, Jésus lui répond en décrivant sa pauvre condition d'homme, bien plus précaire que celle d'un renard qui lui a sa tanière ou d'un oiseau qui a son nid (58). Jésus insiste même sur sa précarité en disant qu'il n'a même « pas de lieu où reposer la tête » (58). Contrairement aux renards et aux oiseaux, il n'a aucun domicile où vivre, aucun toit sous lequel se réfugier. Il se contente de l'hospitalité des habitants des villages qu'il traverse.
Par cette réponse peu encourageante, Jésus adresse à cet homme une mise en garde, il le met à l'épreuve sur la profondeur de sa foi. La foi de cet homme est-elle suffisamment forte pour suivre Jésus ? En sera-t-il vraiment capable ? Car le croyant qui suivra Jésus ne connaîtra plus le moindre confort matériel, intellectuel ou spirituel. Ce ne sera pas de tout repos ! Ainsi, il ne nous suffit pas de vouloir vivre à la suite de Jésus-Christ ou de reposer notre tête sur nos connaissances, traditions ou héritages. Au contraire, suivre Jésus-Christ dépend uniquement de notre foi en lui.
Deuxième rencontre.
Cette fois-ci, c'est Jésus qui apostrophe l'homme, en lui disant « Suis-moi » (59). Cette parole brève et forte résonne comme un ordre, auquel il est difficile de répondre. L'homme tente de temporiser en disant : « Seigneur, mais permets-moi de... » (59). Ensevelir son père, lui organiser une cérémonie funèbre, est un devoir prioritaire des enfants envers leurs parents! Face à une telle objection, Jésus radicalise sa parole en disant littéralement « Laisses les morts ensevelir eux-mêmes les morts » (60). A travers cette expression devenue célèbre, Jésus nous adresse deux messages :
D'abord, un message pour nos défunts. Jésus affirme que la mort n'est pas le dernier épisode de notre existence, car celle-ci se conclura dans le Royaume de Dieu à venir.
Ensuite, un message pour nous les vivants. Jésus affirme que la mort ne doit jamais avoir le dernier mot sur notre existence. Même si nous sommes marqués par le décès d'un proche, Jésus nous appelle à ne pas nous laisser envahir et enfermer par le remord ou la culpabilité, mais à passer cette épreuve, à franchir ce rempart que dresse la mort sur notre chemin. Jésus nous encourage à profiter de la vie qui est devant nous, à vivre pleinement ce qui nous est donné chaque jour. Il nous invite à être toujours tournés vers l'avenir, l'espérance et le Royaume de Dieu qu'il nous faut sans cesse annoncer.
Troisième rencontre.
Nous pouvons voir cette rencontre comme une synthèse des deux autres. Comme le premier, l'homme s'offre de lui-même en déclarant « Seigneur je te suivrai » (61), comme le deuxième, il temporise en disant « mais permets-moi de... » (61). En effet, prendre congé de sa famille et de sa maisonnée, est le devoir d'un père envers sa famille et d'un maître de maison envers ses serviteurs. De nouveau, Jésus donne une réponse qui marque les esprits, cette fois-ci, en ayant recours à l'image du paysan qui laboure son champs avec sa charrue (62). Cette image paysanne était parfaitement compréhensible aux personnes de l'époque et de l'environnement de Jésus! Mais, pour nous qui sommes assez éloignés du travail de la terre, cela nous demande une réflexion supplémentaire. Le paysan utilisait une charrue pour labourer son champ. Et avec un tel outil peu maniable, le paysan n'avait pas d'autre choix que d'avancer, le plus droit possible, afin que le sillon creusé dans la terre soit linéaire. Évidemment, si le paysan se tournait en arrière pour admirer le travail accompli, sa charrue déviait inévitablement, et il se mettait à creuser le sillon de travers. Donc rien de bon ni de propre à la plantation.
Par cette petite histoire agricole, Jésus veut nous faire comprendre que telle serait la vie de celui ou celle qui se dirigerait résolument en avant vers le Royaume de Dieu, mais qui regarderait en arrière vers sa vie passée et accomplie, avec ses souvenirs ou ses envies de revivre ou refaire certaines choses. Jésus nous incite à toujours aller de l'avant, vers l'avenir, l'espérance et l'amour, en vue du Royaume de Dieu.
De plus, Jésus nous amène aussi à comparer notre vie au creusement de ce sillon dans la terre. Pour avoir une vie bien creusée et bien droite, nous ne devons ni nous arrêter ni reculer. Si nous nous arrêterons en chemin dans notre vie, nous risquons de perdre notre équilibre, de nous embourber dans nos problèmes et d'éprouver des difficultés à repartir vers l'avant. Si nous nous tournons en arrière, nous risquons de nous complaire dans le passé et de ressasser des évènements révolus.
A travers ces trois rencontres sur le chemin vers Jérusalem, Jésus nous dit tout ce qu'implique de vouloir le suivre et vivre à sa suite. Ce n'est pas une question de volonté mais uniquement de foi. Oui, vouloir suivre Jésus constitue un véritable parcours de foi, un engagement exigeant, une vocation entièrement tournée vers lui. D'abord, notre foi ne doit pas rester statique, mais au contraire se laisser déplacée. Ne l'installons pas dans notre tanière ou notre nid, le confort n'est pas bon du tout pour notre foi. Aussi il faut savoir s'alléger de tout notre superflu, de tout ce qui pourrait nous encombrer dans notre parcours, comme par exemple nos certitudes et préjugés, qui sont des obstacles à l'épanouissement de notre foi. Donc un parcours de foi sans aucun refuge ni bagage...
Ensuite, il faut savoir laisser derrière soi tout ce qui pourrait nous retenir dans notre cheminement de foi. Laissons le passé ressasser le passé.
Enfin, il faut toujours aller de l'avant, se tourner résolument vers l'avenir, l'espérance, l'amour, la vie, en vue du Royaume de Dieu.
Et surtout n'oublions pas que cette vocation de foi débute immédiatement, sans délai, sans attendre, sans remettre au lendemain, sans se trouver d'excuses pour retarder l'échéance... Il y a dans nos vies qui se déroulent, des moments décisifs qui ne se reproduiront pas, des occasions qu'il faut savoir saisir, sous peine de rater le sillon de notre vie. Ce sillon, il nous faut l'imprégner de l'Évangile et de la présence de Jésus-Christ. C'est la seule façon de vivre à sa suite.
Amen.
Première rencontre.
Un homme interpelle Jésus et lui déclare qu'il le suivra partout où il ira (57). Au lieu de l'accueillir favorablement, Jésus lui répond en décrivant sa pauvre condition d'homme, bien plus précaire que celle d'un renard qui lui a sa tanière ou d'un oiseau qui a son nid (58). Jésus insiste même sur sa précarité en disant qu'il n'a même « pas de lieu où reposer la tête » (58). Contrairement aux renards et aux oiseaux, il n'a aucun domicile où vivre, aucun toit sous lequel se réfugier. Il se contente de l'hospitalité des habitants des villages qu'il traverse.
Par cette réponse peu encourageante, Jésus adresse à cet homme une mise en garde, il le met à l'épreuve sur la profondeur de sa foi. La foi de cet homme est-elle suffisamment forte pour suivre Jésus ? En sera-t-il vraiment capable ? Car le croyant qui suivra Jésus ne connaîtra plus le moindre confort matériel, intellectuel ou spirituel. Ce ne sera pas de tout repos ! Ainsi, il ne nous suffit pas de vouloir vivre à la suite de Jésus-Christ ou de reposer notre tête sur nos connaissances, traditions ou héritages. Au contraire, suivre Jésus-Christ dépend uniquement de notre foi en lui.
Deuxième rencontre.
Cette fois-ci, c'est Jésus qui apostrophe l'homme, en lui disant « Suis-moi » (59). Cette parole brève et forte résonne comme un ordre, auquel il est difficile de répondre. L'homme tente de temporiser en disant : « Seigneur, mais permets-moi de... » (59). Ensevelir son père, lui organiser une cérémonie funèbre, est un devoir prioritaire des enfants envers leurs parents! Face à une telle objection, Jésus radicalise sa parole en disant littéralement « Laisses les morts ensevelir eux-mêmes les morts » (60). A travers cette expression devenue célèbre, Jésus nous adresse deux messages :
D'abord, un message pour nos défunts. Jésus affirme que la mort n'est pas le dernier épisode de notre existence, car celle-ci se conclura dans le Royaume de Dieu à venir.
Ensuite, un message pour nous les vivants. Jésus affirme que la mort ne doit jamais avoir le dernier mot sur notre existence. Même si nous sommes marqués par le décès d'un proche, Jésus nous appelle à ne pas nous laisser envahir et enfermer par le remord ou la culpabilité, mais à passer cette épreuve, à franchir ce rempart que dresse la mort sur notre chemin. Jésus nous encourage à profiter de la vie qui est devant nous, à vivre pleinement ce qui nous est donné chaque jour. Il nous invite à être toujours tournés vers l'avenir, l'espérance et le Royaume de Dieu qu'il nous faut sans cesse annoncer.
Troisième rencontre.
Nous pouvons voir cette rencontre comme une synthèse des deux autres. Comme le premier, l'homme s'offre de lui-même en déclarant « Seigneur je te suivrai » (61), comme le deuxième, il temporise en disant « mais permets-moi de... » (61). En effet, prendre congé de sa famille et de sa maisonnée, est le devoir d'un père envers sa famille et d'un maître de maison envers ses serviteurs. De nouveau, Jésus donne une réponse qui marque les esprits, cette fois-ci, en ayant recours à l'image du paysan qui laboure son champs avec sa charrue (62). Cette image paysanne était parfaitement compréhensible aux personnes de l'époque et de l'environnement de Jésus! Mais, pour nous qui sommes assez éloignés du travail de la terre, cela nous demande une réflexion supplémentaire. Le paysan utilisait une charrue pour labourer son champ. Et avec un tel outil peu maniable, le paysan n'avait pas d'autre choix que d'avancer, le plus droit possible, afin que le sillon creusé dans la terre soit linéaire. Évidemment, si le paysan se tournait en arrière pour admirer le travail accompli, sa charrue déviait inévitablement, et il se mettait à creuser le sillon de travers. Donc rien de bon ni de propre à la plantation.
Par cette petite histoire agricole, Jésus veut nous faire comprendre que telle serait la vie de celui ou celle qui se dirigerait résolument en avant vers le Royaume de Dieu, mais qui regarderait en arrière vers sa vie passée et accomplie, avec ses souvenirs ou ses envies de revivre ou refaire certaines choses. Jésus nous incite à toujours aller de l'avant, vers l'avenir, l'espérance et l'amour, en vue du Royaume de Dieu.
De plus, Jésus nous amène aussi à comparer notre vie au creusement de ce sillon dans la terre. Pour avoir une vie bien creusée et bien droite, nous ne devons ni nous arrêter ni reculer. Si nous nous arrêterons en chemin dans notre vie, nous risquons de perdre notre équilibre, de nous embourber dans nos problèmes et d'éprouver des difficultés à repartir vers l'avant. Si nous nous tournons en arrière, nous risquons de nous complaire dans le passé et de ressasser des évènements révolus.
A travers ces trois rencontres sur le chemin vers Jérusalem, Jésus nous dit tout ce qu'implique de vouloir le suivre et vivre à sa suite. Ce n'est pas une question de volonté mais uniquement de foi. Oui, vouloir suivre Jésus constitue un véritable parcours de foi, un engagement exigeant, une vocation entièrement tournée vers lui. D'abord, notre foi ne doit pas rester statique, mais au contraire se laisser déplacée. Ne l'installons pas dans notre tanière ou notre nid, le confort n'est pas bon du tout pour notre foi. Aussi il faut savoir s'alléger de tout notre superflu, de tout ce qui pourrait nous encombrer dans notre parcours, comme par exemple nos certitudes et préjugés, qui sont des obstacles à l'épanouissement de notre foi. Donc un parcours de foi sans aucun refuge ni bagage...
Ensuite, il faut savoir laisser derrière soi tout ce qui pourrait nous retenir dans notre cheminement de foi. Laissons le passé ressasser le passé.
Enfin, il faut toujours aller de l'avant, se tourner résolument vers l'avenir, l'espérance, l'amour, la vie, en vue du Royaume de Dieu.
Et surtout n'oublions pas que cette vocation de foi débute immédiatement, sans délai, sans attendre, sans remettre au lendemain, sans se trouver d'excuses pour retarder l'échéance... Il y a dans nos vies qui se déroulent, des moments décisifs qui ne se reproduiront pas, des occasions qu'il faut savoir saisir, sous peine de rater le sillon de notre vie. Ce sillon, il nous faut l'imprégner de l'Évangile et de la présence de Jésus-Christ. C'est la seule façon de vivre à sa suite.
Amen.
Christophe