Évangile selon Luc 9, 28-36

La Transfiguration (1605, Peter Paul RUBENS)
La Transfiguration

(1605, Peter Paul RUBENS)
Culte du dimanche 28 février 2010
Temple Réformé de VIROFLAY (78)

Lire le texte biblique : Luc 9, 28-36

Prédication :
S'il n'y avait qu'une seule chose à retenir de ce passage de l'Évangile que nous venons de lire, cela n'est certainement pas le mot « transfiguration », car ce mot n'est pas dans le texte biblique. En fait, il vaudrait mieux retenir cette Parole de Dieu : « Celui-ci est mon Fils, celui qui a été élu, écoutez-le ! ». En effet, cette Parole de Dieu est comme une bénédiction des évènements extraordinaires qui nous sont décrits dans ce texte. Ces évènements représentent un épisode important dans la vie de Jésus et une étape vers sa Passion et sa Résurrection.

En fait, ce texte nous raconte une révélation, une révélation qui est faite uniquement à trois des douze disciples et apôtres : Pierre, Jean et Jacques. Ainsi sur cette montagne, il leur est révélé un Jésus différent de celui qu'ils suivent et connaissent depuis quelques temps. Ils y découvrent un autre Jésus à travers plusieurs révélations successives : un Jésus changeant d'aspect, un Jésus brillant de lumière, un Jésus parlant avec Moïse et Élie, un Jésus élu par Dieu lui-même. Oui, ici leur est montré un Jésus plusieurs fois glorieux, un Jésus apparaissant dans l'absolue gloire de Dieu.

Mais attention, dans la Bible, le mot « gloire » n'a absolument rien à voir avec la signification que nous lui connaissons dans notre quotidien : non, ici, il ne s'agit pas de la gloire humaine, celle que certains hommes cherchent à atteindre ou à posséder, comme la célébrité, la notoriété, le prestige, la renommée, la popularité... non, rien de tout cela!

Dans la Bible, la gloire est tout autre, elle n'est pas du monde des humains, elle est uniquement du domaine de Dieu. Par son essence divine, il nous est très difficile de nous la représenter. La gloire de Dieu est comme une multitude de reflets: le reflet de la grandeur de Dieu, le reflet de sa splendeur, le reflet de son rayonnement, le reflet de sa puissance, le reflet de son amour, le reflet de sa sainteté. Aussi la gloire de Dieu peut se manifester comme un éclat de lumière sur sa création.

Et dans le présent récit, c'est un Jésus en prière dans un endroit isolé et élevé, qui est placé dans la gloire de Dieu.

1) D'abord c'est l'aspect de son visage qui change, littéralement « l'aspect de son visage devient autre ». L'utilisation du terme « autre » n'est pas anodine, car il désigne quelque chose d'indéfinissable pour les apôtres qui en sont témoins, eux qui ne sont comme nous que des humains. Cet « aspect autre » du visage de Jésus fait que les disciples ne reconnaissent plus leur maître, « l'homme » Jésus. Ici leur apparaît un Jésus ayant un « aspect autre », c'est-à-dire un « aspect divin ». Ce changement d'aspect est la manifestation de la gloire de Dieu sur Jésus.

2) Ensuite c'est l'aspect du vêtement de Jésus qui change, il devient d'une blancheur éclatante, littéralement « d'un blanc brillant comme un éclair ». Ainsi, le vêtement de Jésus est d'un blanc si parfait qu'il resplendit d'une lumière égale à celle d'un éclair, c'est-à-dire d'une lumière éblouissante et aveuglante. Le vêtement de Jésus illumine, brille d'une telle lumière, qu'il est donc impossible à l'oeil humain de regarder Jésus directement. Cette lumière est la manifestation de la gloire de Dieu, qui couvre Jésus d'un nouveau vêtement blanc et éblouissant, c'est-à-dire d'une nouvelle enveloppe divine, au delà de son enveloppe corporelle.

Ainsi, à travers ces deux premières révélations, celle de l'aspect divin de Jésus et celle de l'enveloppe divine de Jésus, Dieu nous appelle à reconnaître la nature divine de son Fils qu'il a placé dans sa gloire.

3) Puis, aux côtés de Jésus, se trouvent deux grandes figures bibliques : Moïse et Élie.
Moïse, lui, est le libérateur du peuple juif et celui par qui la Loi de Dieu a été donnée aux hommes. A travers cette Loi dictée par Dieu, Moïse représente donc cette volonté de Dieu, ce projet de vie qu'a Dieu pour les hommes. Moïse est en quelque sorte un précurseur du Messie attendu.
Élie, lui, représente la Parole de Dieu, transmise par l'ensemble des prophètes et leurs traditions orales. La présence d'Élie rappelle aussi les textes des prophéties sur la venue du Messie : le Prophète Élie devait venir avant le Messie afin d'en préparer la venue.
Ainsi, sur cette montagne, Dieu révèle Jésus comme le successeur de Moïse et d'Élie, plus encore leur héritier commun. Jésus devient alors celui qui porte la Loi de Dieu, celui qui transmet la Parole de Dieu, celui qui est l'héritier de l'Ancienne Alliance passée avec Dieu. Là aussi, cette présence de Moïse et d'Élie est une manifestation de la gloire de Dieu, dont Jésus est au centre.

Et pour nous, cela signifie que la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ est indissociable de l'Ancienne Alliance représentée par Moïse et Élie, et donc que le Nouveau Testament est indissociable de l'Ancien Testament. Nous ne pouvons lire et comprendre, l'un sans l'autre.

4) Étonnement, les disciples assistent à un dialogue mystérieux entre Jésus, Moïse et Élie. Les trois parlent du « départ de Jésus qui allait s'accomplir à Jérusalem ». Mais de quel départ parlent-ils? En fait, il s'agit pour Jésus de partir de ce monde des hommes dans lequel il est naît. Et ce départ, Jésus l'annoncera plusieurs fois à ses disciples, notamment en disant que « Le Fils de l'homme va être livré entre les mains des hommes ». Ce qui signifie que Jésus va être conduit à une mort certaine et prévue, qui aura lieu bientôt à Jérusalem. Cette révélation préfigure donc les évènements qui attendent Jésus. Elle nous annonce la Passion du Christ.

Ainsi, cette révélation nous place véritablement dans la préparation du temps de la Passion puis du temps de Pâques. Il nous incite aussi à lire dès à présent dans nos Bibles, les récits de la vie de Jésus qui vont suivre, et ce dans la perspective de sa Passion et de sa Résurrection.

5) Enfin, nous arrivons au point culminant de ce récit, avec cette Parole que Dieu adresse aux disciples. Curieusement, les disciples sont enveloppés d'une nuée, un peu comme un nuage ou un brouillard. C'est un phénomène que l'on retrouve dans l'Ancien Testament, lorsque le Peuple Juif est libéré d'Égypte. Parfois, c'est par ce phénomène que Dieu se manifeste aux hommes et à travers lequel il fait entendre sa voix : « Celui-ci est mon Fils, celui qui a été élu, écoutez-le ! ». Par cette voix, Dieu nous exhorte à reconnaître que Jésus est le Fils de Dieu et qu'il est l'Élu, le Christ. Par cette Parole, Dieu réaffirme son lien filial, celui du Père envers le Fils, cet attachement qu'il avait déjà proclamé lors du Baptême de son Fils : « Tu es mon Fils bien-aimé, objet de mon affection ».

A présent, par ces deux proclamations de Dieu le Père, Jésus est à la fois le « Fils bien-aimé » et le « Fils qui a été élu ». De cette manière, Dieu établit son choix, à la fois un choix d'affection et un choix d'élection, un choix pleinement divin, par lequel le Père et le Fils ne font plus qu'un.

Finalement, au terme de ce récit, Dieu nous exhorte à placer toute notre confiance en lui, il attend de nous une démarche de foi, il nous appelle à confesser notre foi en un seul Dieu, à la fois Père, Fils et Saint-Esprit.

O Dieu, nous plaçons notre foi en Jésus-Christ, ton Fils bien-aimé, objet de ton affection, celui que tu as élu, celui que tu as placé dans ta gloire divine.

A la suite de Moïse, il est celui qui enseigne ta Loi divine.

A la suite d'Élie, il est celui qui transmet ta Parole divine.

A la suite d'Abram, il est celui qui porte ta promesse divine, la Nouvelle Alliance.

O Dieu, nous savons que Jésus est celui que nous devons écouter.

Oui, il est celui que nous suivons maintenant sur le chemin de Pâques, vers sa Passion et sa Résurrection.


Amen.
Christophe