Le Christ et la Samaritaine (Rembrandt, 1657) |
Culte du dimanche 19 mars 2017
A l'Eglise Protestante Unie de
Montparnasse-Plaisance (75)
A l'Eglise Protestante Unie de
Montparnasse-Plaisance (75)
Lire le texte biblique :
Jean 4, 1-42 (Segond 21)
Jean 4, 1-42 (Segond/Grec)
Jean 4, 1-42 (Segond 21)
Jean 4, 1-42 (Segond/Grec)
Prédication :
Le récit que nous venons de lire dans l'Évangile selon Jean (Jn 4, 3-42) n’est pas présent dans les autres Évangiles selon Matthieu, Marc et Luc, il fait partie des textes propres à Jean. C’est le récit d’une rencontre improbable, d’un dialogue curieux, mais surtout d’une révélation. Jésus se trouve en Samarie, territoire considéré comme impur par les juifs, car plusieurs peuples et religions y cohabitent. Le lieu de la rencontre est le puits du patriarche Jacob (Jn 4,6), qui fait partie du passé commun aux peuples juifs et samaritains. C’est justement ce puits qui permet cette rencontre : Jésus s’y assoit pour se reposer et attendre ces disciples, la femme Samaritaine s’y rend pour y puiser de l’eau.
S’installe alors une situation socialement et religieusement incorrecte pour un juif de l’époque : Jésus se trouve seul avec une femme, il ose lui adresser la parole, il ose lui demander « Donne moi à boire » (Jn 4, 7), il ose dialoguer avec cette habitante de la Samarie, région marquée d’impureté. D’ailleurs la femme lui répond tout de suite que cette situation est incorrecte pour lui qui est juif, en lui rappelant tout ce qu’ils les distinguent et les séparent. Jésus n’en tient pas compte. Une fois de plus, Jésus s’affranchit de toutes les frontières, qu’elles soient géographiques, raciales, sociales, religieuses.
Plus encore, Jésus compte bien nouer un dialogue avec cette Samaritaine en lui demandant directement « Donne moi à boire » (Jn 4, 7). Hélas, ce premier dialogue tourne au quiproquo, dans lequel Jésus et la femme se parlent sans se rejoindre. D’un côté, Jésus est dans le registre spirituel, il parle de l’eau vive, qui renvoie à la vie éternelle offerte par Dieu. De l’autre côté, la femme est dans le registre concret de son quotidien, elle parle de l’eau naturelle nécessaire à la vie terrestre, cette eau qu’il faut venir chaque jour puiser avec un seau au fond du puits. Jésus ne se nomme pas , mais se présente à elle comme « celui qui te dit « Donne moi à boire » » (Jn 4,10) et lui affirme qu’au contraire c’est elle qui aurait dû lui demander à boire, car lui peut lui donner de l’eau vive. Jésus parle de soif spirituelle et d’eau vive, tandis que la femme parle de soif physique et d’eau naturelle. Dans cette eau vive que lui propose par Jésus, elle ne voit que des avantages matériels pour son quotidien : celui de ne plus avoir soif et celui de ne plus être obligée de venir puiser de l’eau dans ce puits. Cela conclut ce premier dialogue par un échec, Jésus n’est pas arrivé à toucher le cœur de cette femme, à susciter sa foi.
Sur cet échec, Jésus commence alors une deuxième approche. Pour la rejoindre, il vient sur son terrain, il lui parle concrètement d’elle même, de son existence, de sa vie, de sa condition de femme, sur sa situation d’épouse : « Va, appelle ton mari » (Jn 4, 16). Mais cette femme n’est pas dans la situation maritale préconisée dans la société et la religion juives. Cette fois-ci, Jésus a touché le cœur de cette femme, il l’a rejoint sur le terrain existentiel de sa vie. Il a pu ainsi susciter sa foi, elle lui déclare « tu es prophète » (Jn 4, 19).
En effet, Jésus nous rejoint dans notre existence et notre intimité, en nous parlant de nous même, de notre vie, de notre condition et notre situation de vie. C’est ainsi qu’il suscite notre foi en notre intérieur, une foi que nous n’avons pas, au sens où nous ne la possédons pas, mais une foi que nous vivons, une foi qui coule en nous, une foi qui est eau vive, une foi qui nous irrigue et porte des fruits. La femme Samaritaine, ayant été suscitée dans sa foi, apostrophe Jésus sur leurs pratiques religieuses respectives qui hélas les séparent. Dans quel lieu faut-il adorer Dieu ? Sur cette montage où les pères communs aux juifs et aux samaritains ont adoré ? Dans le temple de Jérusalem où seuls les juifs peuvent adorer ? Ni l’un ni l’autre, répond Jésus, tous ceux qui cherchent Dieu connaîtront le même Dieu et l’adoreront tous en esprit et en vérité (Jn 4,21-24).
Par sa réponse, Jésus nous rappelle qu’aucun lieu n’est nécessaire pour adorer Dieu. Il n’est pas utile de matérialiser la présence de Dieu parmi les humains, par un lieu ou une construction. Dieu ne peut pas être localisable dans un lieu précis, encore moins enfermé dans un bâtiment. Les lieux de culte sont une réponse au besoin des humains, mais pas au besoin de Dieu. Dieu a seulement besoin des humains pour être adoré, mais pas de lieux ou de constructions. Certains lieux de culte sont rendus sacrés selon la volonté des humains, mais pas par la volonté de Dieu. Certes des lieux sacrés, mais pas des lieux saints. Car seul Dieu est saint. La femme affirme alors savoir qu’ « un Messie doit venir, celui qu’on appelle Christ » (Jn 4, 25). Cette femme se place ainsi dans du Christ. À cet instant, Jésus se dévoile enfin et se révèle à elle « Je le suis, moi qui te parle » (Jn 4, 26).
Mais l’arrivée des disciples met fin à ce dialogue arrivé à son apogée, la femme repart précipitamment à la ville. Le fait qu’elle abandonne sa cruche sur place, montre son changement de comportement, sa conversion, sa nouvelle foi. Elle délaisse l’eau naturelle et vitale qu’elle était venue puiser, mais elle remporte de l’eau vive reçue de Jésus. Elle n’a plus soif de l’eau du puits, mais elle est prise d’une autre soif bien plus importante, une soif irrésistible de communiquer sa foi en celui qui « m’a dit tout ce que j’ai fait » (Jn 4, 29), celui qu’elle reconnaît comme le Messie, le Christ, celui qui « annoncera toutes choses » (Jn 4, 25).
Les habitants de la ville croit déjà en cet homme resté au puits de Jacob, ils croient en lui simplement par la parole de cette femme qui leur atteste « Il m’a dit tout ce que j’ai fait » (Jn 4, 39).
Ainsi, la foi se transmet par la Parole de ceux qui témoignent. La foi n’a pas besoin de chose matérielle pour exister, elle n’a pas besoin de voir, de boire, de toucher, ou de sentir, mais simplement d’entendre, d’écouter la parole transmise par le témoignage. Ainsi la transmission à la suite de Jésus le Christ, n’est pas une succession par l’autorité ou le pouvoir, mais une succession par la Parole. D’ailleurs, Jésus n’entre même pas dans la ville pour transmettre lui même sa Parole, il n’impose rien, mais ce sont les habitants eux-mêmes qui viennent à lui, simplement à cause de sa Parole transmise par le témoignage de cette femme. Ainsi ces gens rejoignent Jésus et croient en lui, ils confessent à leur tour qu’il est le Messie, le Christ, qu’« il est vraiment le Sauveur du monde » (Jn 4, 42).
Ce récit nous exhorte à nous placer à la suite de Jésus le Christ et de rentrer dans la succession de sa Parole. Abandonnons là notre cruche pleine de conforts et de certitudes, de choses faussement indispensables. Évitons toute tentative de sacraliser des lieux ou des choses, encore moins de les sanctifier. N’ayons pas la prétention d’avoir la foi, au sens de la posséder, mais laissons la foi vivre en nous, laissons cette eau vive couler en nous, nous irriguer totalement, pour qu’ainsi nous donnions des fruits. Par notre foi, ayons toujours soif de chercher Dieu, soif de vouloir mieux le connaître, soif de lire et redécouvrir sa parole, soif de témoigner de Jésus le Christ, car « nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde » (Jn 4, 42).
Plus encore, Jésus compte bien nouer un dialogue avec cette Samaritaine en lui demandant directement « Donne moi à boire » (Jn 4, 7). Hélas, ce premier dialogue tourne au quiproquo, dans lequel Jésus et la femme se parlent sans se rejoindre. D’un côté, Jésus est dans le registre spirituel, il parle de l’eau vive, qui renvoie à la vie éternelle offerte par Dieu. De l’autre côté, la femme est dans le registre concret de son quotidien, elle parle de l’eau naturelle nécessaire à la vie terrestre, cette eau qu’il faut venir chaque jour puiser avec un seau au fond du puits. Jésus ne se nomme pas , mais se présente à elle comme « celui qui te dit « Donne moi à boire » » (Jn 4,10) et lui affirme qu’au contraire c’est elle qui aurait dû lui demander à boire, car lui peut lui donner de l’eau vive. Jésus parle de soif spirituelle et d’eau vive, tandis que la femme parle de soif physique et d’eau naturelle. Dans cette eau vive que lui propose par Jésus, elle ne voit que des avantages matériels pour son quotidien : celui de ne plus avoir soif et celui de ne plus être obligée de venir puiser de l’eau dans ce puits. Cela conclut ce premier dialogue par un échec, Jésus n’est pas arrivé à toucher le cœur de cette femme, à susciter sa foi.
Sur cet échec, Jésus commence alors une deuxième approche. Pour la rejoindre, il vient sur son terrain, il lui parle concrètement d’elle même, de son existence, de sa vie, de sa condition de femme, sur sa situation d’épouse : « Va, appelle ton mari » (Jn 4, 16). Mais cette femme n’est pas dans la situation maritale préconisée dans la société et la religion juives. Cette fois-ci, Jésus a touché le cœur de cette femme, il l’a rejoint sur le terrain existentiel de sa vie. Il a pu ainsi susciter sa foi, elle lui déclare « tu es prophète » (Jn 4, 19).
En effet, Jésus nous rejoint dans notre existence et notre intimité, en nous parlant de nous même, de notre vie, de notre condition et notre situation de vie. C’est ainsi qu’il suscite notre foi en notre intérieur, une foi que nous n’avons pas, au sens où nous ne la possédons pas, mais une foi que nous vivons, une foi qui coule en nous, une foi qui est eau vive, une foi qui nous irrigue et porte des fruits. La femme Samaritaine, ayant été suscitée dans sa foi, apostrophe Jésus sur leurs pratiques religieuses respectives qui hélas les séparent. Dans quel lieu faut-il adorer Dieu ? Sur cette montage où les pères communs aux juifs et aux samaritains ont adoré ? Dans le temple de Jérusalem où seuls les juifs peuvent adorer ? Ni l’un ni l’autre, répond Jésus, tous ceux qui cherchent Dieu connaîtront le même Dieu et l’adoreront tous en esprit et en vérité (Jn 4,21-24).
Par sa réponse, Jésus nous rappelle qu’aucun lieu n’est nécessaire pour adorer Dieu. Il n’est pas utile de matérialiser la présence de Dieu parmi les humains, par un lieu ou une construction. Dieu ne peut pas être localisable dans un lieu précis, encore moins enfermé dans un bâtiment. Les lieux de culte sont une réponse au besoin des humains, mais pas au besoin de Dieu. Dieu a seulement besoin des humains pour être adoré, mais pas de lieux ou de constructions. Certains lieux de culte sont rendus sacrés selon la volonté des humains, mais pas par la volonté de Dieu. Certes des lieux sacrés, mais pas des lieux saints. Car seul Dieu est saint. La femme affirme alors savoir qu’ « un Messie doit venir, celui qu’on appelle Christ » (Jn 4, 25). Cette femme se place ainsi dans du Christ. À cet instant, Jésus se dévoile enfin et se révèle à elle « Je le suis, moi qui te parle » (Jn 4, 26).
Mais l’arrivée des disciples met fin à ce dialogue arrivé à son apogée, la femme repart précipitamment à la ville. Le fait qu’elle abandonne sa cruche sur place, montre son changement de comportement, sa conversion, sa nouvelle foi. Elle délaisse l’eau naturelle et vitale qu’elle était venue puiser, mais elle remporte de l’eau vive reçue de Jésus. Elle n’a plus soif de l’eau du puits, mais elle est prise d’une autre soif bien plus importante, une soif irrésistible de communiquer sa foi en celui qui « m’a dit tout ce que j’ai fait » (Jn 4, 29), celui qu’elle reconnaît comme le Messie, le Christ, celui qui « annoncera toutes choses » (Jn 4, 25).
Les habitants de la ville croit déjà en cet homme resté au puits de Jacob, ils croient en lui simplement par la parole de cette femme qui leur atteste « Il m’a dit tout ce que j’ai fait » (Jn 4, 39).
Ainsi, la foi se transmet par la Parole de ceux qui témoignent. La foi n’a pas besoin de chose matérielle pour exister, elle n’a pas besoin de voir, de boire, de toucher, ou de sentir, mais simplement d’entendre, d’écouter la parole transmise par le témoignage. Ainsi la transmission à la suite de Jésus le Christ, n’est pas une succession par l’autorité ou le pouvoir, mais une succession par la Parole. D’ailleurs, Jésus n’entre même pas dans la ville pour transmettre lui même sa Parole, il n’impose rien, mais ce sont les habitants eux-mêmes qui viennent à lui, simplement à cause de sa Parole transmise par le témoignage de cette femme. Ainsi ces gens rejoignent Jésus et croient en lui, ils confessent à leur tour qu’il est le Messie, le Christ, qu’« il est vraiment le Sauveur du monde » (Jn 4, 42).
Ce récit nous exhorte à nous placer à la suite de Jésus le Christ et de rentrer dans la succession de sa Parole. Abandonnons là notre cruche pleine de conforts et de certitudes, de choses faussement indispensables. Évitons toute tentative de sacraliser des lieux ou des choses, encore moins de les sanctifier. N’ayons pas la prétention d’avoir la foi, au sens de la posséder, mais laissons la foi vivre en nous, laissons cette eau vive couler en nous, nous irriguer totalement, pour qu’ainsi nous donnions des fruits. Par notre foi, ayons toujours soif de chercher Dieu, soif de vouloir mieux le connaître, soif de lire et redécouvrir sa parole, soif de témoigner de Jésus le Christ, car « nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde » (Jn 4, 42).
Amen.
Christophe